CSRD : le « Stop the Clock » est entré en vigueur !
- Laurence Ponchaut
- Apr 18
- 3 min read

Le 17 avril 2025, la directive dite « Stop the Clock », issue du paquet législatif Omnibus, est officiellement entrée en vigueur. Adoptée à une large majorité par le Parlement européen le 3 avril, puis validée par le Conseil de l’Union européenne, cette réforme marque un tournant dans la mise en œuvre de la CSRD, avec un double objectif : réduire la complexité réglementaire et renforcer la compétitivité des entreprises européennes.
⚙️ Le paquet Omnibus : un plan d’allègement réglementaire
Présenté par la Commission européenne le 26 février 2025, le paquet Omnibus vise à simplifier trois piliers du cadre ESG européen :
la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive),
la CSDDD (Corporate Sustainability Due Diligence Directive ou CS3D),
et le règlement Taxonomie.
Cette initiative fait suite à plusieurs signaux forts au niveau européen :
📘 Le rapport Draghi, remis à la Commission européenne, alerte sur une possible perte de 10 % du PIB potentiel de l’UE si la complexité réglementaire n’est pas réduite.
🏛️ La déclaration de Budapest fixe l’objectif de réduire de 25 % les obligations de déclaration d’ici mi-2025.
🧭 La “boussole de la compétitivité”, présentée par Ursula von der Leyen, ancre cette volonté dans la stratégie économique de l’UE.
🗓️ CSRD : ce qui change avec le « Stop the Clock »
La directive modifie profondément le calendrier et le périmètre d’application de la CSRD :
1. Report de deux ans :
Ainsi, les grandes entreprises non cotées qui devaient se soumettre à une obligation de reporting à partir de 2006 bénéficierons d’un report à 2028
2. Réduction du périmètre :
Seules les entreprises de plus de 1 000 salariés, et atteignant 50 M€ de chiffre d’affaires ou 25 M€ de total de bilan, resteront concernées.
Les PME cotées ne seront plus soumises à la CSRD.
👉 Résultat : 80 % des entreprises initialement concernées ne le seront plus.
3. Création d’un cadre volontaire :
Une norme volontaire de reporting ESG (VSME) sera proposée par la Commission pour les entreprises exclues, notamment les PME cotées.
Les grandes entreprises ne pourront demander à leurs fournisseurs <1 000 salariés que les données figurant dans ce cadre volontaire.
4. Autres mesures de simplification :
📉 Réduction drastique du nombre de points de données dans les normes ESRS.
❌ Suppression des normes sectorielles.
🤝 Maintien de l’assurance limitée, sans passage obligatoire à une assurance raisonnable.
🧩 Et la CSDDD et la Taxonomie dans tout ça ?
La directive Omnibus ne s’arrête pas à la CSRD, elle rebat aussi les cartes du devoir de vigilance (CSDDD/CS3D) et du règlement Taxonomie :
📄 CSDDD (CS3D) :
Transposition repoussée à juillet 2027, application en juillet 2028.
Les entreprises ne seront plus tenues d’évaluer les impacts dans l’ensemble de leur chaîne de valeur, sauf preuve crédible de risque.
Le texte supprime l’obligation de rompre une relation commerciale en cas de manquement - une suspension temporaire suffira.
L’obligation d’adopter un plan de transition climatique sera alignée sur les exigences de la CSRD.
Le régime de responsabilité civile reste, mais les États membres ne seront plus obligés de légiférer en ce sens.
🌍 Taxonomie :
Ne s’appliquerait qu’aux entreprises de plus de 1 000 salariés et 450 M€ de chiffre d'affaires.
Les activités non significatives financièrement ne seront plus à évaluer.
Les critères « Do No Significant Harm » (DNHS) sur la pollution chimique seront simplifiés.
Le reporting taxonomique sera allégé, avec une réduction de 70 % des points de données.
Les entreprises pourront déclarer un alignement partiel volontaire avec la Taxonomie.
🌱 Que faire dans cette nouvelle configuration ?
Ce report ne doit pas être vu comme une pause, mais comme un moment stratégique à saisir.Il offre aux entreprises l’opportunité d’anticiper, structurer et tester:
Réaliser un exercice à blanc de reporting,
Consolider leurs outils et processus ESG,
Impliquer plus largement leurs parties prenantes,
Et définir une stratégie de durabilité pérenne.
💬 L’avis de Distinct
« Le Stop the Clock, loin d’être un recul, doit être vu comme un temps d’alignement stratégique. Moins de contrainte ne veut pas dire moins d’ambition : c’est une chance de se préparer au mieux et de construire un reporting ESG plus pertinent, mieux intégré et plus robuste. » Laurence Ponchaut, Distinct Consulting
Comentários